XVIIème siècle
MONSIEUR DE SAINT-MARC, LE FONDATEUR
Les personnages qui ont façonné La Tour Blanche sont indissociables de son histoire. Chacun à leur manière, ils ont érigé le domaine au rang des plus grands, en prenant des risques, en étant imaginatif, en sortant des sentiers battus, en investissant. Ces chercheurs d’or – précieux qualificatif qui va si bien au Sauternes – ont créé leurs pierres philosophales en forme de… pépites. Premier d’entre eux : Monsieur de Saint-Marc, seigneur de La Tour Blanche.
Nous pourrions remonter bien plus loin dans le temps, mais la petite chartreuse originelle devenue château se perd un peu dans les actes notariés et autres archives. Il faut donc un début. Monsieur de Saint-Marc, seigneur de La Tour Blanche – qui donna son nom au domaine – est un bon point de départ. Nous sommes alors au milieu du XVIIe siècle. Le personnage était greffier à la Cour du Parlement de Bordeaux. Les latitudes financières dont il disposait lui permirent de transformer le vignoble et l’humble habitation en château de grande tenue. Il fit notamment construire une tour pour justifier de son nom !
FREDERICK FOCKE, L’EXIGENT
Autre personnage qui a participé activement à la réputation du Château La Tour Blanche, Frederick Focke, originaire d’Allemagne. Cette communauté était alors particulièrement bien représentée dans la région marquée elle aussi par le protestantisme anglais. Monsieur Focke a réinventé le vin liquoreux de Sauternes. Voici comment.
Frederick Focke apporta avec lui la technique dite des vendanges tardives déjà très pratiquée dans son pays d’origine, mais aussi par quelques propriétés de renom comme Yquem ou Suduiraut. Non content d’être un précurseur, Frederick Focke fera partie également de ces propriétaires novateurs influents qui surent convaincre confrères et voisins de vigne – même les plus récalcitrants – à généraliser l’usage des vendanges par tries qui feront le succès de l’appellation.
Preuve du bien-fondé de cette initiative, en 1855, les crus du Sauternais, comme ceux du Médoc, font l’objet d’un classement par le Syndicat des Courtiers en Vins de Bordeaux. À l’époque, il s’agissait de sélectionner les « meilleurs », dignes d’être présentés à l’Exposition Universelle de Paris. Le Château La Tour Blanche – Premier Grand Cru de Sauternes – fit bien entendu partie des premiers élus. Une véritable consécration pour Frederick Focke… qui malheureusement décéda cette même année.
1855
PREMIER DES PREMIERS
En 1855, sous le Second Empire, les Crus du Sauternais, en même temps que ceux du Médoc, ont fait l’objet d’un classement par le Syndicat des Courtiers en Vins de Bordeaux, sous le contrôle de la Chambre de Commerce.
Cette demande émanait du gouvernement impérial qui voulait présenter, à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris, les vins de la Gironde les plus méritants.
Le Château La Tour Blanche fut placé en tête des Premiers Crus de Sauternes, juste après le Château d’Yquem, l’unique Premier Grand Cru Supérieur de l’appellation.
1876
OSIRIS, L’AMOUREUX
Après le décès du talentueux Frederick Focke, la famille – épouse, neveux et investisseurs – président aux destinées du domaine reconnu comme un des plus représentatifs de l’appellation. Rentre alors en scène Osiris !
Derrière ce pseudonyme aux allures d’immortel de l’ancienne Égypte se dresse un esthète du vin, Daniel Iffla, amoureux inconditionnel de l’élégance et de la qualité. Le Château La Tour Blanche semblait attendre ce nouveau propriétaire pour révéler son ultime touche d’excellence qui lui va si bien. Osiris est un puissant financier aux ressources infinies. S’il préfère vivre dans l’une ou l’autre de ses villas à Arcachon, il ne manque pas de venir s’installer à La Tour Blanche au moment des vendanges.
Daniel Iffla n’est pas qu’un amoureux des vins de prestige, il est aussi un mécène généreux dans bien des domaines comme la restauration de bâtiments, l’aide aux personnes en détresse, la recherche avec Louis Pasteur…
À son décès, en 1907, nul héritier en vue. Le personnage étonnant précisera sur son testament que la propriété devait alors revenir à l’État français… à condition que l’on crée sur place une école de viticulture et de vinification. Ce que fut dit, fut fait en 1911.
De nos jours
UNE VOLONTÉ DE TRANSMISSION
Aujourd’hui, le domaine appartient à la Région Nouvelle-Aquitaine qui en est devenue propriétaire en 2010. Le lycée agricole public propose plusieurs niveaux de formation : classe de troisième « Découverte des métiers du vivant », Baccalauréat Professionnel « Vigne et Vin » et « Commerce des Vins et Spiritueux », Brevet de Technicien Supérieur Agricole (BTSA) « Viticulture-Œnologie » (formation par apprentissage).
Depuis 2010, l’École de Viticulture et d’Œnologie et le Château La Tour Blanche ont intégré l’EPLEFPA Bordeaux-Gironde (Etablissement Public Local d’Enseignement et de Formation Professionnelle Agricoles), premier établissement de formations agricoles et viticoles au plan national, qui regroupe deux autres lycées et leurs exploitations : le lycée de Blanquefort et le Château Dillon (AOC Haut- Médoc, Cru Bourgeois), ainsi que le lycée de Libourne-Montagne et les Châteaux Grand Baril (AOC Montagne Saint-Emilion) et Réal Caillou (AOC Lalande de Pomerol).
UN PREMIER GRAND CRU PÉDAGOGIQUE
Il est important de préciser que même si elle représente un support pédagogique indispensable pour les élèves, l’exploitation du Château La Tour Blanche est entièrement gérée par des professionnels de la vigne et du vin, afin de respecter les exigences qu’impose la gestion d’un Grand Cru Classé de Bordeaux.